Don débarras !,
un article de Jean-Pierre DUMAS,
publié dans la Revue du MAUSS,
dans son volume 55, no. 1,
en 2020, de la page 155 à la page 161.
Jean-Pierre DUMAS ouvre la discussion :
« Les hommes n’ont pas inventé l’échange pour le plaisir de donner, de se soucier d’autrui mais pour se protéger. Ils se sont débarrassés des objets les plus proches pour ne pas avoir à se disputer à leur sujet, et risquer de s’entre-tuer. Un humain, c’est d’abord un être qui s’empêche. »
L’article de Jean-Claude DUMAS commence ainsi :
« Ne pas faire est encore une action, un acte d’inhibition est encore un acte », Marcel Mauss, 1926
« Plus de haut bout, et partant, plus de querelles », Marcel Mauss, 1925
« L’interdit est premier. L’échange positif n’est que l’envers de la prohibition. Terrifiés par la mauvaise réciprocité endogamique les hommes s’enfoncent à reculons dans la bonne réciprocité de l’échange exogamique », René Girard, 1973
L’article de Jean-Claude DUMAS se termine ainsi :
Pour un être social, la société n’est pas un contrat facultatif d’échange de services, c’est le lien inéluctable et le moyen même de l’existence. La société comme ses institutions constituent dès lors un bien en soi et non un mal nécessaire. La visée d’une société de progrès humain désormais informée sur la nature humaine, semble ici s’imposer – assurer à chacun la possibilité de concilier ses deux aspirations (être soi et avec autrui) ; assurer un développement de la société qui offre à chacun une égale capacité à déployer une liberté vraiment humaine. Ce projet est aussi celui du premier socialisme républicain, de Leroux à Jaurès et Marx. C’est là ce que Jacques Généreux appelle « la société de progrès humain » [Généreux, 2008 ; 2009 ; 2010].
Pour conclure, la prégnance du paradigme du don dans les travaux de Jacques Généreux me gêne toujours beaucoup et j’espère que nos débats permettront d’y voir plus clair.
Dans l’article de Jean-Claude DUMAS, on trouve notamment :
Cette peur est essentiellement une peur de la violence mimétique : l’interdit est la protection contre cette escalade. Tous ces phénomènes ont été déclenchés par le meurtre fondateur, par le mécanisme de la victime émissaire. [Girard, 2004 p. 160-161]
Dans l’article de Jean-Claude DUMAS, on trouve également :
Mais si les membres du groupe avaient simplement peur les uns des autres, ils finiraient, une fois de plus, par s’entre-tuer. Il faut que les violences passées soient en quelque sorte incarnées dans la victime réconciliatrice ; il faut une espèce de transfert collectif qui fasse redouter un retour en force de cette victime, une visitation vengeresse et qui rassemble tout le groupe dans une volonté commune d’empêcher cette expérience terrifiante. Hocart constate qu’à la limite il n’y a pas de besoin, il n’y a pas d’appétit qui puisse se satisfaire à l’intérieur du groupe car les membres du groupe se sentent perpétuellement menacés par la rivalité mimétique.