Tous boucs émissaires,
Tous boucs émissaires, un dossier spécial de la Revue RAVAGES, n° 9, datant du printemps 2013.
Un dossier riche et dense, pourtant très inégalement étayé
Le sommaire du dossier « tous boucs émissaires » de la revue Ravages :
« Il faut le pendre ! Au nom de l’Empereur » (Georges Marbeck)
« Le musulman, la bête noire » (Esther Benbassa)
« Sale blanche » (Tarik Yildiz)
« Fais toi soigner, pédale, va voir un imam » (Brahim Naït-Balk)
« Salauds d’électeurs du Front national » (Bernard Stiegler)
« A chacun son souffre-douleur » (Voltaire)
« René Girard, la bêtise cachée » (Ruwen Ogien)
« Ta pauvreté m’intéresse » (Benjamin Coriat)
« Culs bénis » (Pierre Tevanian)
« Aujourd’hui gay, demain zoophile » (Frédéric Joignot)
« Le genre. La théorie maudite » (Catherine Vidal)
« Chasse aux cancres » (Ruwen Ogien)
« Vivre ensemble en s’accommodant » (C. Taylor, G. Bouchard)
« Il faut le pendre ! Au nom de l’Empereur », de Georges Marbeck dans Tous boucs émissaires, commence ainsi :
Le 16 août 1870 s’est déroulé, à Hautefaye dans le Périgord, un fait divers qui reste comme l’archétype de l’exécution d’une bouc émissaire en France, victime expiatoire de toutes les peurs d’une communauté. Hautefaye, ou le crime des braves gens.
« Le musulman, la bête noire », de Esther Benbassa dans Tous boucs émissaires, commence ainsi :
L’Occident et la chrétienté versus l’islam et les musulmans. Civilisés contre barbares. Voilà la guerre qui serait engagée aujourd’hui en France. Ce n’est pas ce manichéisme primaire qui résoudra le problème posé par les extrémistes islamistes.
« Sale blanche », de Tarik Yildiz dans Tous boucs émissaires, commence ainsi :
Reconnaître un racisme antiblanc ne revient pas à nier les autres formes de racisme, mais à désigner une réalité. Si le terme de « racisme antiblanc » n’est pas des plus heureux, les mots n’ont que le sens qu’on leur prête, et tout est affaire de contexte.
« Fais toi soigner, pédale, va voir un imam », de Brahim Naït-Balk dans Tous boucs émissaires, commence ainsi :
Bien qu’ayant à peu près échappé au racisme anti arabe, j’étais insulté par mes coreligionnaires, à double titre. J’étais le pédé, la folasse ; j’étais le traître qui ne fait pas le ramadan et mange un sandwich au jambon.
« A chacun son souffre-douleur » un entretien de Georges Marbeck avec Voltaire sur l’absolue nécessité de la tolérance* dans Tous boucs émissaires commence ainsi :
De passage à Genève le 30 juin dernier, j’arrive en ville au moment où des brigades de policiers casqués, matraque au poignet, occupent plusieurs artères de la ville pour faire barrage à quelque cinq cents manifestants battant la chaussée aux cris répétés de « Non au racisme ! ». Organisée par Solidarités antifascistes, cette manifestation est une réponse à l’agression qui a eu lieu lors de la fête de la Musique au cours de laquelle cinq néonazis, armés de couteaux, ont blessé un musicien bronzé de la scène alternative.
Arrêté, un des accusés a été aussitôt relâché… Bloqués en centre-ville par un barrage de policiers qui tente de les disperser, les manifestants se resserrent, agitent leurs banderoles et scandent de plus belle leur colère : « Pas de quartier pour les racistes, les fachos, les sexistes, les homophobes ! » Sur les trottoirs, des passants saluent de la voix et du geste les manifestants. Et là je remarque un homme hors d’âge, assis dans un fauteuil. Coiffé d’une étrange toque à l’ancienne, il applaudit vigoureusement les militants en colère. Son profil au sourire un peu figé me rappelle quelqu’un… Mais… oui ! C’est bien lui, l’ermite de Ferney, Voltaire, soi-même. Battant moi aussi des mains, je m’approche pour le saluer. Nous échangeons un sourire complice, puis notre conversation s’engage.
« Salauds d’électeurs du Front national », de Bernard Stiegler dans Tous boucs émissaires commence ainsi :
Ceux qui partagent les idées du Front national souffrent d’une maladie qui frappe l’époque néo-libérale tout entière, qui les pousse à chercher des exutoires. Ils les trouvent dans des boucs émissaires. C’est la mauvaise pharmacologie à notre mal. »
« René Girard, la bêtise cachée » de Ruwen Ogien dans Tous boucs émissaires commence ainsi :
Le problème de René Girard, fameux théoricien du bouc émissaire, est d’expliquer toute la violence sociale par des désirs contradictoires et la recherche d’une victime expiatoire – dont le sacrifice restaurerait l’ordre. C’est une théorie obsessionnelle,
fondée sur un seul principe explicatif, modelé sur la seule figure du Christ.
« Ta pauvreté m’intéresse de Benjamin Coriat dans Tous boucs émissaires commence ainsi :
Dès que la vente de maisons aux pauvres commença, la banque s’organisa. Des traites, on fit mille confettis qu’on répartit en vendant à d’autres la grande promesse. Du grain grandi dans les murs des maisons des pauvres, on fit commerce. On fit bombance. Et quand tout s’écroula, on les fit payer une deuxième fois.
« Culs bénis », de Pierre Tevanian dans Tous boucs émissaires commence ainsi :
Il en va pour l’irréligieux comme pour les laïques ou les féministes : il devrait s’élever contre l’instrumentalisation de sa critique en un discours haineux et discriminant. Aujourd’hui, l’inverse se produit : à gauche comme à l’extrême droite, la dénonciation de la foi devient un rejet virulent de l’autre.
« Aujourd’hui gay, demain zoophile », de Frédéric Joignot dans Tous boucs émissaires , commence ainsi :
Pendant leur grande croisade contre le mariage gay, éditorialistes du Figaro , évêques, imams, militants d’extrême droite, catholiques pratiquants, bonnes gens ont révélé leur haine commune de l’amour universel.
« Le genre. La théorie maudite », de Catherine Vidal dans Tous boucs émissaires, commence ainsi :
L’appellation « théorie du genre » utilisée par les catholiques de droite laisse penser qu’il s’agit d’une hypothétique école intellectuelle. Or le « genre » n’est pas une théorie, mais un concept.
« Chasse aux cancres », de Ruwen Ogien commence ainsi :
Dans le discours martelé aujourd’hui, l’indiscipline, les provocations, les « vannes » entre élèves, « les incivilités » expriment de graves pathologies sociales. Mais ne sont-ils pas seulement révélateurs de la bonne santé populaire ?
« Vivre ensemble en s’accommodant » C. Taylor, G. Bouchard, commence ainsi :
Un État laïque finance des chapelles dans les aéroports et les prisons sans se trahir. Un même droit peut commander des assouplissements qui ne doivent pas être assimilés à des privilèges ni à des dérogations.
Le compte-rendu du Monde des idées : ici