Quatre figures prototypiques du bouc émissaire

une contribution rédigée par Bernard Gaillard

dans le chapitre : Des typologies pour une compréhension du bouc émissaire en institution ?

chapitre 4 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes, dirigé par Rémi CASANOVA et  Françoise-Marie NOGUES,

publié aux PUS, en novembre 2018

Le texte commence par ceci :

« La personne humaine est fondamentalement sociale, normée, inscrite dans une société, dans des institutions. L’émergence du bouc émissaire est alors à comprendre comme un processus interpsychique, interdividuel présentant plusieurs temporalités et dégageant plusieurs fig

ures possibles (Oughourlian, 2007). L’humain doit réaliser un travail constant de dégagement de la toute-puissance de l’indifférenciation généralisée. Pour survivre socialement et psychiquement, tout sujet, sans doute dans un fonctionnement défensif, tente de projeter ses propres souffrances et les dysfonctionnements perçus sur la surface sociale d’un autre de son groupe. Cet autre devient responsable du mal-être de tout le groupe. Le bouc émissaire se faisant réconciliateur oriente l’adhésion de tout le groupe sur sa personne » 

et se termine par ceci :

« En conclusion, évoquer le processus bouc émissaire c’est souligner la souffrance de certains dans l’espace professionnel, les groupes ou la famille. La dynamique de bouc émissaire est destructrice de l’humain, de sujets psychiques, de l’intimité de relations humaines au même titre que les maltraitances, l’inceste ou le meurtre. La prévention et des dispositifs de vigilance peuvent s’avérer efficaces pour éviter les effets les plus nocifs du développement de ce processus. Par l’intervention tierce extérieure, nous obtenons un retour à un ordre institutionnel rendant une place légitime à chacun.»

On y trouve notamment :

« Le problème est focalisé sur l’un des employés arrivé récemment très isolé dans le groupe, personne ne voulant travailler ou ni échanger avec lui. Quand il arrive dans la salle de convivialité, tous les présents quittent la salle.»

 

« Tout groupe humain est intrinsèquement caractérisé par des tensions liées aux différences. La tension créée par les différences inter-individuelles peut développer des peurs, des replis sur soi, de tentations d’auto-protection, du sentiment de haine.»

 

« Le solitaire d’un groupe n’est pas nécessairement bouc émissaire mais il peut le devenir. Dans les groupes, les personnalités sont diverses, certaines étant réservées, d’autres très ouvertes à la communication. »

Bernard Gaillard

Psychologue clinicien et professeur émérite de l’Université de Rennes 2, Bernard Gaillard est collaborateur au Centre International de Criminologie Comparée. Son champ de spécialisation est celui de l’analyse et des interventions cliniques institutionnelles, et des épreuves projectives. Bernard.gaillard1@aliceadsl.fr

 

 La présentation de la contribution de Bernard Gaillard : Quatre figures prototypiques de boucs émissaires