Le Bouc émissaire, étude comparée d’histoire des religions
James Georges FRAZER
Librairie Orientaliste Paul Geuthner, 1925,
Le Bouc émissaire, étude comparée d’histoire des religions, James Georges FRAZER, Le Rameau d’Or, Laffont, coll. « Bouquins », 1984

Le bouc émissaire, intégré dans l’intégralité de l’œuvre de l’auteur, met à jour la cohérence de la pensée de G-J Frazer.
Tome 3. Esprits des blés et des bois ; Le Bouc émissaire
Un compte rendu de lecture, celui de Richard Krekingler : ici
Un autre compte rendu de lecture, celui de Jules Toutain : ici
Le sommaire de : ESPRITS DES BLÉS ET DES BOIS
Introduction de Nicole Belmont ……………………………………………… 9
Préface de J.G. Frazer ………………………………………………………….. 21
I. Dionysos …………………………………………………………………. 25
II. Déméter et Perséphone ………………………………………………. 43
III. Valeur magique des jeux dans l’agriculture primitive ……… 73
IV. Le rôle de la femme dans l’agriculture primitive…………….. 85
V. La Mère du Blé et la Vierge du Blé en Europe septentrionale 95
VI. La Mère du Blé dans différents pays…………………………….. 118
VII. Lityersès ………………………………………………………………….. 144
VIII. L’Esprit du Blé comme animal ……………………………………. 178
IX. Divinités antiques de la végétation comme animaux ………. 200
X. Manger le dieu …………………………………………………………. 227
XI. Le sacrifice des prémices …………………………………………… 263
XII. La magie homéopathique du régime carnivore ……………… 280
XIII. La mise à mort de l’animal divin …………………………………. 297
XIV. Propitiation d’animaux sauvages par les chasseurs ………… 317
XV. Propitiation de la vermine par les fermiers …………………… 356
XVI’. Transmigration des âmes humaines dans les corps d’animaux 362
XVII. Types de sacrement animal ………………………………………… 376
Notes : Les Pléiades dans les calendriers primitifs ……………………. 392
La cérémonie du cheval à la récolte du riz chez les Garos …. 400
Le sommaire de : LE BOUC ÉMISSAIRE
Introduction de Michel Izard………………………………………………….. 405
Préface de J.G. Frazer ………………………………………………………….. 421
I. Transfert du mal ……………………………………………………….. 423
II. Omniprésence des démons …………………………………………. 465
III. Expulsion publique des mauvais démons ……………………… 488
IV. Boucs émissaires publics …………………………………………… 523
V. Des boucs émissaires en général …………………………………. 556
VI. Boucs émissaires humains dans l’antiquité classique ……… 559
VII. Mise à mort du dieu au Mexique………………………………….. 586
VIII. Saturnales et fêtes similaires ………………………………………. 604
Note : Le crucifiement du Christ ……………………………………………. 666
NOTES
Esprits des blés et des bois ……………………………………………………. 675
Le bouc émissaire ………………………………………………………………… 786
Index ………………………………………………………………………………….. 859
Jacques Bouveresse (revue Agone, « Qu’est ce que croire ? », n°23, 2000) rapporte la lecture très critique que Ludwig Wittgenstein (1889 – 1951) fait du travail de Georges James Frazer : « Le tort de Frazer est, dans ces conditions, d’avoir appliqué une analyse en termes de Zweckrationalität, d’adaptation (en fait, selon nos critères, d’inadaptation plus ou moins flagrante) des moyens utilisés aux fins présumées, à des pratiques dont la nature aurait exigé un mode de compréhension tout à fait différent. Effectivement, comme le remarquent Nicole Belmont et Michel Izard à propos du jugement que l’auteur du Rameau d’Or porte sur la pratique du bouc émissaire, Frazer « semble ignorer tout de la nature et des fonctions du symbole ». C’est, de toute évidence, un des points principaux sur lesquels Wittgenstein estime que l’accusation de primitivité ou d’infantilisme formulée par Frazer contre ses « sauvages » pourrait être retournée immédiatement contre lui. Mais, en même temps, puisque Wittgenstein lui reproche également de supposer que la raison pour laquelle certaines actions sont effectuées dans certaines circonstances est, dans tous les cas, la volonté d’obtenir un certain effet (avantageux), il est clair que même l’explication des actes rituels comme consistant dans la mise en œuvre d’un pouvoir symbolique attribué à l’expression elle-même est, à ses yeux, beaucoup trop générale. Un bon nombre d’actions rituelles ne reposent vraisemblablement pas sur une quelconque croyance à une causalité ou une efficacité de type symbolique et n’ont précisément pas d’autre but que d’exprimer quelque chose : « Brûler en effigie. Embrasser l’image du bien-aimé. Cela ne repose naturellement pas sur la croyance qu’on produit un certain effet sur l’objet que l’image représente. Cela vise à procurer une satisfaction et y parvient effectivement. Ou plutôt, cela ne vise rien ; nous agissons ainsi et nous avons alors un sentiment de satisfaction. »
Jacques Bouveresse complète plus loin : « Lorsqu’il traite de la pratique du bouc émissaire, Frazer observe qu’elle repose finalement sur « une simple confusion entre ce qui est matériel et immatériel, entre la possibilité réelle de colloquer un fardeau concret sur les épaules d’autrui et la possibilité de transférer nos misères physiques et mentales à quelqu’un d’autre qui s’en chargera à notre place ». L’idée d’un transfert du mal conçu sur ce modèle est considérée comme une erreur grossière et la pratique qualifiée d’« ignoble et imbécile ». La pseudosupériorité de Frazer sur ce point est due à ce que Wittgenstein interprète comme une forme d’aveuglement typiquement moderniste à l’égard de la fonction symbolique du rite. Dans une conversation qu’il a eue avec Drury en 1929, il remarque : « Les gens qui s’intitulent Modernistes sont ceux qui s’abusent encore plus que tout le monde. Je vais vous dire quel genre de chose est le Modernisme : dans Les Frères Karamazov, le vieux père dit que les moines dans le monastère voisin croient que les démons ont des crocs pour tirer les gens en enfer. “Eh bien, dit le vieux père, je ne peux pas croire à ces crocs”. C’est le même genre d’erreur que commettent les Modernistes, lorsqu’ils mésinterprètent la nature du symbolisme.
René Girard en parle dans son article Violence sociale, violence religieuse. Évoquant les différents sens du terme bouc émissaire, il écrit : « Le second sens, aujourd’hui aussi mal vu que démodé, voire trompeur par certains côtés, est le plus important. C’est le grand ethnologue anglais Frazer, qui le forge en utilisant l’expression « bouc émissaire » pour désigner, dans n’importe quelle culture, tous les rites y ressemblant selon lui : les rites d’expulsion des péchés, des mauvais esprits, de toutes les forces mauvaises qui reviennent périodiquement dans les communautés humaines. Comme pour tout rite, Frazer constate sa périodicité. La principale description de ces rites constitue une partie du Rameau d’or, intitulée « Le bouc émissaire », qui a fait l’objet d’une édition à part en traduction française sous forme d’un volume que l’on trouve peut-être encore en librairie. (…) »
Dans son article « Roi sacré, victime sacrificielle et victime émissaire « , Lucien Scubla évoque deux apports majeurs de G-J Frazer :
« Frazer a bâti sa théorie de la royauté à partir de deux idées maîtresses. La première est une donnée factuelle : la royauté n’est pas un pouvoir discrétionnaire, mais une lourde charge conduisant presque toujours son titulaire à l’échafaud. La seconde est une intuition géniale : l’étrange royauté du bois de Némi n’est pas un phénomène atypique, mais un condensé de tout le système monarchique et la clé de son interprétation. »